Nous, parmi les participants à l’atelier «L’organisation d’un Forum Social Internet – Un appel à l’occupation de l’Internet”, tenu à Tunis dans le cadre du Forum social mondial, déclarons notre engagement à un objectif commun de construire l’Internet du peuple, par en bas et par-dessus les frontières: un Internet qui fonctionne dans l’intérêt public et la solidarité, où le contrôle est entre les mains des gens; un Internet basé sur la dignité humaine, l’égalité, la justice sociale, la liberté et les droits de communication des gens.
Nous joignons nos voix à l’appel à tenir un Forum social mondial Internet comme un espace pour débattre de l’Internet que nous voulons et comment le construire, avant que la révolution des connaissances et de l’accès à l’information soit irrémédiablement capturé par les intérêts des entreprises et les agences de sécurité qui approfondissent le lien de corruption entre la politique et l’argent.
Aujourd’hui, Internet est devenu une partie intégrante et essentielle de notre vie quotidienne; de plus en plus de nos activités sont organisées à travers et autour des espaces virtuels, les réseaux, les services en ligne et la technologie qu’il contient. Il a restructuré la façon même dont nous vivons, travaillons, jouons et organisons nos sociétés. Dans de nombreux aspects, il en est de même pour les personnes qui n’ont actuellement pas d’accès direct à Internet.
Dans le même temps, nous sommes alarmés de voir comment nos deux espaces privés et publics sont cooptés et contrôlés à des fins privées; comment les grandes entreprises privées sont en train de remodeler l’Internet public en des espaces fermés; comment nos données personnelles sont manipulées et privatisées; comment une société mondiale de la surveillance est en train d’émerger, avec peu ou pas de respect de la vie privée; comment l’information sur Internet est arbitrairement censurée, et le droit des gens à communiquer réduit; et, comment l’Internet est militarisé. Pendant ce temps, le processus de prise de décision sur les questions de politique publique liées à l’Internet reste dangereusement éloigné des mécanismes de la gouvernance démocratique.
Nous lançons ici un appel à tous ceux qui partagent ces objectifs à participer à la rédaction d’un « Manifeste Internet des gens » au cours des mois à venir, dans le but de rechercher un consensus sur les principes fondamentaux qui doivent sous-tendre un Internet orienté vers l’équité sociale, la solidarité humaine et la justice.
L’Internet est un outil et un espace de travail indispensable pour construire les luttes sociales et les interconnexions entre les mouvements. Nous appelons les mouvements sociaux et les organisations réunis ici à Tunis à prendre en charge cette question comme une partie essentielle de leurs programmes d’action, y compris, entre autres, les objectifs suivants:
• Nous exigeons des mesures décisives pour enrayer la surveillance de masse généralisée mise en œuvre par les entreprises, les agences de sécurité et les gouvernements.
• Nous défendons la décentralisation –dan s toute la mesure du possible- des structures de l’Internet;, techniques, de données, et économiques ; et l’accès à un Internet neutre, comme un droit, qui inclurait le soutien aux réseaux possédés par des collectivités et à l’infrastructure publique. Nous défendons également la liberté de communication de personne à personne.
• Nous sommes déterminés à tirer parti de la révolution Internet pour construire la solidarité mondiale entre les mouvements populaires, et leur permettre de partager leurs expériences à l’échelle mondiale et d’apprendre les uns des autres.
• Un Internet des gens doit être piloté d’abord et avant tout par les gens. Un Internet piloté par les grandes entreprises, main dans la main avec les « grands-gouvernement » ne représente pas l’intérêt public. Nous allons défendre le droit des organisations de base et des mouvements sociaux, aux côtés d’autres acteurs de la société civile, d’avoir un siège à toutes les négociations mondiales sur la gouvernance de l’Internet.